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Trails et raids multi-sports en Dracénie
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10 juillet 2009

Retour sur les 6 jours d' Antibes....

...avec le compte-rendu de PILOU (Philippe LIENARD) .

UN BIGOR AUX 6 JOURS D’ANTIBES

Décembre 2008. J’épluche les calendriers des trails pour bâtir mon programme de l’année 2009. La motivation et l’ambition de voir toujours plus grand sont là. Mon attention est attirée par les « 6 jours d’Antibes ». Six jours non stop avec pour objectif de faire le plus de km possible sur une boucle de 1300 m. C’est assez « fou » pour m’intéresser. Ca y est, j’ai trouvé mon truc. Inscription immédiate, on réfléchira après…

La préparation. Je ne me suis pas imposé un entraînement particulier, si ce n’est quelques trails de séances de marche de 2h30, car j’ai bien compris qu’il n’était pas question de courir en permanence. D’ailleurs je ne ferai aucun footing de plus de 18 km pour me préparer car dans mon esprit, la difficulté résidera dans la gestion du sommeil, de l’alimentation, de l’ennui et des ampoules (aux pieds, bien sûr). La gestion du sommeil a été préparée en étudiant la documentation disponible sur le sommeil poly phasique (comme les marins au long cour). Un baladeur FM devrait me permettre de combatte l’ennui et quelques provisions devraient me mettre à l’abri de la faim. Durant 3 semaines, je me suis badigeonné les pieds au « Rando’Pat », produit vétérinaire destiné à « durcir » les coussinets des chiens de chasse. Je n’aurai aucune ampoule sous la plante des pieds (2 petites sans conséquences entre les orteils, là où le tampon applicateur ne va pas …). Avec le recul, aucun de ces aspects n’aura posé de difficulté. La difficulté viendra d’une importante tendinite apparue dès le 2ème jour et certainement due au manque de préparation sur de longues sorties. Françoise (une spécialiste de 100 bornes), avait raison de me mettre en garde sur ce point (et sur les dangers d’un départ trop rapide).

7 juin 2009, 14h00. La tente est montée en zone vie, mon duvet installé, mes tenues bien rangées dans la tente (1 par jour). Les premiers contacts sont encourageants. Gérard Cain rassemble tout le monde pour le briefing de départ. Il y aura 77 concurrents. L’ambiance est très détendue. Mon objectif avoué : 500 km. Mais je rêve de 600 pour faire un compte rond. Je cherche à repérer les individualités dont j’ai pu voir les photos sur Internet comme Alexandre Forestieri, vainqueur de la Mil’Kil 2008 (St Malo-Sète non stop en 9 jours et 8 heures) ou Gilbert Codet, l’ancien de 59 ans qui a mis une méthode de course/marche par alternance (il fera 13ème avec 617 km). Il fait très chaud. Si la météo persiste pour toute la semaine, il faudra aussi gérer la chaleur en décalant les périodes de sommeil à la mi-journée (ce que je ferai). Les tables de ravitaillement sont pleines à craquer (eau, jus, cocas, fruits, gâteaux, barres céréales …). Durant les 6 jours et 6 nuits, des bénévoles se relaieront pour approvisionner cette table en denrées diverses et variées et parfois inattendues (cacahouètes, pommes au four au sucre, bouillon de vermicelle à 3 heures du matin …). Je n’avais jamais vu ça sur une course. Les performances seront suivies en temps réel par informatique grâce à une puce électronique qui enregistre les passages de chaque coureur aux deux extrémités du parcours. Le classement est actualisé toutes les heures et affiché sur un grand panneau électronique, ce qui permet de se situer en permanence par rapport aux autres (mais il suffit de dormir 3 heures pour voir son classement chuter …).

15h00, Top départ. J’adopte une vitesse de footing décontracté et … le vent de face m’arrache ma casquette. Le temps de la rattraper, je suis en queue de peloton. Ceux qui me connaissent savent que j’ai horreur de ça. Je remonte rapidement et je me retrouve devant avec un autre concurrent. Je ne le connais pas (il finira 7ème avec 676 km) et au bout d’une heure je lui dit de ne pas baser sa vitesse sur la mienne car je n’ai jamais couru plus qu’un marathon. Un peu gêné, je m’arrange pour le laisser passer en tête à chaque tour. J’imagine les favoris se dire « attends mon coco », surtout quand je leur prends rapidement plusieurs tours. Et ils ont raison. Au bout de 2 heures, je laisse finalement partir devant … ou plutôt je commence à ressentir le besoin de ralentir. Au bout de 21heures et 101 km parcourus, je me retrouve vers la 58ème place, mais serein et en relativement bonne forme. J’aurai pu en rajouter un peu mais je sens bien (ou peut-être que, fatigué, je me convaincs) qu’il faut gérer et ne pas chercher à en faire trop trop tôt. Donc mon quota du jour est atteint et je m’offre 3 heures de repos avant d’attaquer la journée suivante.

2ème jour. Les choses se dégradent rapidement. Une tendinite du releveur du pied gauche se déclare et empire rapidement. A 1h00 du matin, il me faut faire une pose et finalement je m’arrête durant 6 heures. Une bonne nuit de sommeil bien méritée. Je repars à A la fin du 2ème jour je traîne sérieusement la patte et ne pense qu’à abandonner après 175 km. Il est 18h00, trop tard pour quitter la course. L’organisateur me conseille d’attendre demain pour voir, le chef cuistot m’offre 2 pastis, le médecin me donne ce qu’il faut pour la douleur et la tendinite … je repars jusqu’à 21h00. Pas moyen d’aller plus loin et je me jette dans ma tente pour y attendre le lendemain et rendre mon dossard.

3ème jour, 1 heures du matin. Pas possible de dormir. Je me lève pour aller prendre une douche. Plutôt que de m’y rendre directement (200m) je prends le parcours normal de la course (1100m) et je valide un passage. La douche et le rasage (y compris le crâne) me remontent le moral et …j’abandonne mes affaires de toilette au vestiaire … pour repartir vers 2h00. Je découvrirai plus tard que quelqu’un aura utilisé ma serviette, mon rasoir et ma brosse à dent. Mais c’est galère. Je fais un arrêt chez le docteur, juste pour lui emprunter ses ciseaux et découper mes chaussettes qui me compriment la cheville qui enfle à vue d’œil. Le médecin et le kiné me verront plusieurs fois ce jour-là. Si l’un d’eux m’avait seulement suggéré d’abandonner, je l’aurai embrassé. Mais à aucun moment ils ne font allusion à cette option. Bien au contraire. Si j’ai fini ce n’est pas seulement grâce à leurs soins, mais aussi à leur optimisme affiché. Finalement je clopine pendant 50km en m’arrêtant plus pour soulager la douleur que pour dormir. Je tiens jusqu’à 11h00 du matin. La douleur et la chaleur ont raison de ma motivation et je fais un break de 14 heures (entrecoupé d’une heure de marche dans la soirée). Je termine le troisième jour avec 225 km au compteur.

4ème jour. La moitié est faite (en durée), pas question d’abandonner. A une heure du matin je décide de repartir. Le di-antalvic du toubib, le pastis du chef cuistot et les encouragements d’Otello (Europe TV) et des autres concurrents me soutiennent, comme les mails de soutien de ma famille et des collègues qui suivent en live sur Internet. Damnation !! Au moment où je passe sur le détecteur de puce, il reste silencieux. Quand j’ai changé de chaussettes, j’ai enlevé mon bracelet électronique et j’ai oublié de le remettre. Un tour pour rien. Je le dis au chef organisateur, mais rien à faire. La règle est la règle et l’informatique ne négocie pas. Tant pis. Je tourne à vitesse très réduite durant 15 heures (avec une pose d’une heure pour le repas et des petits breaks de 15 minutes presque toutes les heures). J’ai négocié obtenu des bénévoles du ravitaillement de pouvoir conserver une poche de liquide réfrigérant au congélateur. A chaque arrêt, je la récupère et la pose sur ma cheville pendant 10 minutes. Je boucle finalement 45 km ce jour, pour un total de 270 km. Ca commence à vouloir dire quelque chose mais la courbe de progression poursuit sa chute vertigineuse. A ce train là, je ne suis pas sûr de passer les 350.

5ème jour. Il est temps de réviser l’objectif. Adieu les 500km. Atteindre 400 pour faire un compte rond, au regard de l’évolution au fil des jours, relève déjà de l’utopie. Allez, va pour 65 km par jour. Et ça passe. J’arrive même à « trottiner » dans la nuit en trainant les pieds. Je ne m’offre que 2 périodes de repos de 1h00 à 4h00 et de midi à 15h00. J’atteints finalement  les 335 km fixés. Je sens que je n’ai jamais été aussi près de la fin donc ça me booste un peu le moral. Et puis les concurrents des 48 heures sont venus se joindre à nous. Il faut faire bonne figure et quelque part, malgré le handicap et le claudiquement, j’éprouve une certaine fierté à être là depuis 5 jours.

6ème jour, 20 heures, 360 km. Ma cheville me fait souffrir et je n’avance plus. Le kiné me masse, j’en ai les larmes aux yeux. Pourtant je veux assurer un peu d’avance avant d’aller dormir. Je repars …pour un tour … rien à faire. Je me couche en calculant la moyenne qu’il me faudra tenir en repartant vers 6 ou 7h00 du matin. A 1h00 du matin, impossible de dormir. J’ai du mal à trouver une position qui soulage ma cheville, j’ai faim, j’ai froid en dehors du duvet et trop chaud dedans. A 3h00 c’est décidé, j’abandonne. Ca fera 360 (6 fois 60, c’est un compte rond aussi, non). J’avale ce qui me reste (aliments et médicaments) et je regarde les coureurs qui passent devant ma tente. Il y a maintenant beaucoup de monde car les concurrents des 24 heures ont pris le départ à 15h00. Ne pouvant pas dormir, je me lève pour aller voir les autres courir (j’oublie d’éteindre mon réveil qui sonne encore quand je rejoindrai la tente à la fin de la course). Je m’accroche au grillage du stade pour marcher jusqu’à la zone de ravitaillement. Et puis au bout de 200m, la cheville se réchauffe et … je décide de repartir. A 13h30, j’ai atteint les 400 km. Je décide de faire 2 tours de plus pour assurer en cas de mauvais enregistrement avec la puce électronique. A 14h00 c’est fini avec 403 km. Je regarde les autres courir la dernière heure. Ce n’est pas 600 km mais je sais que c’est possible.

Le classement :

Christophe LABORIE : 805 km

Pierre MICALETTI : 770 km

Olivier CHAIGNE : 752 km

Mimi CHEVILLON : 575 km (1ère femme)

Un super vétéran de 70 ans fait 680 km (record du monde de sa catégorie). Je me dis alors que j’aurai d’autres occasions et que l’expérience finira par payer. L’organisation et le cadre du Fort Carré sont remarquables. Il faut remercier tous ceux qui ont permis à cette épreuve d’avoir lieu : Gérard Cain (le Grand Maître), l’équipe médicale (Soulemane et Amadou), le kiné et ses mains magiques, l’équipe du chef cuistot et tous les bénévoles. L’ambiance n’a rien à voir avec les courses traditionnelles et, contraint à de longs arrêts pour ma cheville, je n’ai pas souffert du sommeil. Je n’ai donc qu’une envie : recommencer et faire mieux.

J’ai déjà trouvé : les 6 jours de Monaco. « La No Finish Line » en novembre.

6JA1 Un  cadre superbe



















6JA2

Quand le soleil tape trop fort, autant se reposer…

6JA3













Toutes les positions sont bonnes.

6JA4




En été à Antibes, c’est la nuit qu’il faut faire le maximum.

Photos provenant du site des six jours d'Antibes : http://www.6jours-antibes.fr/

Merci a l'organisation et a tous les bénévoles !

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Commentaires
C
Quel entrainement ou préparation as tu fait et sur combien de temps pour les 6j? car je suis tenté mais je ne sais comment m'y préparé malgré de nombreuses recherches sur internet<br /> <br /> je te remercie d'avance de tes conseils
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